Aux confins de la France, près de la frontière italienne, dans les Hautes Alpes, se niche le Queyras, parc naturel régional. C’est un territoire authentique et préservé qui bénéficie d’un ensoleillement idéal. Le GR 58 en fait le tour avec de nombreuses variantes. Je le fais dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

Samedi 8 juillet 2017

Briançon- Brunissard par le col des Ayes
17,5 kms 5h
Dénivelé +: 1436m
Dénivelé -: 962m
Altitude max: 2477m
Arrivée à Briançon à 9h par le train de nuit, c’est avec plaisir que je prends le même chemin que j’avais suivi lorsque j’avais fait le GR5 en traversant le village de Villars Saint Pancrace. Le GR5 suit une route caillouteuse avec parfois un passage en forêt. Il fait très chaud ce matin, plus de 30 degrés. Mon sac à dos me pèse, il faut que je me réhabitue à ce compagnon de route… Rapidement j’arrive au hameau des Ayes. Puis le chemin s’élève gentiment au milieu d’une forêt de pins pour atteindre les alpages qui conduisent au col des Ayes,2477m, passage entre le Briançonnais et le Queyras. En haut, le paysage se découvre à la vue, c’est la récompense, la joie d’y être arrivée. Puis j’entame la descente vers Brunissard. Je retrouve avec beaucoup de plaisir mes copines les marmottes qui sifflent sur mon passage.
Le GR5 traverse le camping de l’Izoard en suivant la route. Il est 13h45 lorsque j’arrive au refuge des Bons Enfants. La gardienne m’installe dans la salle de détente où je dormirai seule, le dortoir de 6 étant occupé exclusivement par des hommes. Je suis ravie. On se contente de peu en montagne! Le ciel s’obscurcit. Des orages éclatent en fin d’après-midi.
Dîner: soupe de légumes, veau rôti et spaghettis, salade, fromage et salade de fruits. Je retrouve le régime refuge!

Briançon

Briançon
Hameau des Ayes

Chemin des Ayes

Dimanche 9 juillet 2017

Brunissard – Les Fonts de Cervière par le col du Tronchet, Souliers et le col de Peas.
17kms. 7h30
Dénivelé +: 1536m
Dénivelé -: 1259m
Altitude max: 2630m
Je me lève tôt ce matin. Le ciel est bien gris. La météo a prévu de la pluie, voire des orages.
Le chemin démarre sur la route de l’Izoard avant de s’enfoncer dans la forêt pour atteindre les alpages du col du Tronchet,2347m. Les nuages sont bas, il n’y a rien à voir. J’entame la descente vers le hameau de Souliers. Il bruine sans discontinuer. Heureusement le chemin serpente dans la forêt et les arbres me protègent. Puis Je traverse des pâturages où broutent des troupeaux de moutons. La montée vers le col de Peas,2629m, au pied du Pic de Rochebrune, pourrait être très agréable s’il y avait un peu de soleil. La descente toute en zig- zag est plus périlleuse et demande de l’attention. Les pieds se dérobent sur les cailloux qui roulent. La pluie redouble dans la descente vers les Fonts de Cervière. C’est un hameau de 4 ou 5 maisons perdu au bout du bout de la France. Pas de réseau ni de wifi. J’arrive au refuge vers 13h30. Il n’est pas complet. Aujourd’hui aussi j’aurai une chambre pour moi toute seule avec un lavabo et des toilettes. Le grand luxe à 2000m d’altitude! Je profite de l’après-midi pour me promener aux alentours.
Dîner: salade composée, curry d’agneau avec du riz. fromage, tarte aux myrtilles.

Souliers

Souliers
Col de Peas

Col de Peas
Près des Fonts de Cervière

Les Fonts de Cervière
Refuge des Fonts de Cervière

Refuge des fonts de Cervière
Les Fonts de Cervière

Les Fonts de Cervière

Lundi 10 juillet 2017

Les Fonts de Cervière – Le Roux d’Abries par les cols du Malrif, du Rasis et des Thures.
16kms 6h40
Dénivelé + : 1165m
Dénivelé – : 1411m
Altitude max : 2921m
Ce matin le ciel est dégagé. Je quitte le refuge à 7h15. Il fait un peu frais mais c’est tellement agréable de voir la nature s’éveiller. Des marmottes s’enfuient à mon passage. Je vais rejoindre Le Roux par une variante dite « de haute montagne ». Je monte à travers des alpages vers le col du petit Malrif,2830m, que j’aperçois en haut. La pente s’accentue. Arrivée au col j’ai une vue plongeante sur le lac du Grand Laus. C’est superbe. Puis je continue sur la crête jusqu’au col du Malrif,2866m. Après s’en suit une traversée impressionnante à flanc de montagne dans un pierrier. Le chemin a disparu. J’aperçois de loin en loin un piquet rouge et blanc qui me donne la direction à suivre. Je dois avancer à petits pas en m’aidant de mes bâtons. C’est périlleux. Je me concentre, un pied qui glisse et c’est la chute mortelle. Je ne suis pas très fière de m’être engagée seule sur ce chemin. J’ai un peu peur. Heureusement, après ce passage difficile, je retrouve des alpages vers le col du Rassis,2921m, point culminant de mon tour du Queyras. Le panorama s’étend magnifique, belle récompense après ce passage difficile.

Au dessus des Fonts

Vers le col du petit Malrif
Col du Petit Malrif

Col du Petit Malrif
Col du Petit Malrif

Vue du col du Petit Malrif
Vers le col du Malrif

Crête du col du Petit Malrif
Col du Malrif

Col du Malrif
Col du Malrif

Col du Malrif
Col du Rassis

Col du Rasis
Alpage

Alpage du col du Rasis
Une dernière traversée sur les crêtes le long de la frontière italienne jusqu’au col des Thures,2797m, et c’est la longue et éprouvante descente en petits lacets vers le Roux d’Abries. Le Roux est un petit hameau qui se prélasse au soleil au-dessus de la vallée. Ce soir je dors aux refuge Le Cassu. Pas grand monde, je bénéficie encore d’un dortoir pour moi toute seule.
Dîner: ratatouille au chèvre, rôti de porc, gratin dauphinois, haricots verts, panacotta au citron vert. Le tout excellent avec un accueil chaleureux de la propriétaire.
Troupeau vers Le Roux

Troupeau vers Le Roux
Col des Thures

Col des Thures

Chemin vers Le Roux
Le Roux

Descente vers Le Roux
Gîte Le Cassu

Refuge Le Cassu

Mardi 11 juillet 2017

Le Roux d’Abries – Aiguilles par Abries
19kms 5h
Dénivelé + : 585m
Dénivelé – : 740
Altitude max : 2044m
Il fait beau ce matin lorsque je quitte le Cassu. Ca ne va pas durer, hélas. Comme je n’ai pas pu avoir de place au refuge de la Monta ou à celui de Degré 7, je dois aller dormir à Aiguilles dans la vallée. J’ai prévu d’y aller en passant par Abries puis le lac de Malrif. C’était sans compter sur les orages! Très rapidement des nuages menaçants apparaissent. Le tonnerre commence à gronder vers 11h. Je décide de ne pas monter au lac et d’aller directement à Aiguilles en longeant la rivière. Sage decision car les orages et la pluie redoublent. Je suis trempée lorsque j’arrive au gîte Yak Avenir, mon étape du jour. L’extérieur ne paye pas de mine mais à l’intérieur certaines chambres ont été refaites. La mienne est très confortable. Aiguilles est un petit village qui possède la seule pharmacie et le seul hôpital du Queyras! L’après-midi est partagée entre éclaircies et averses.
Dîner : chèvre chaud sur toasts, agneau des Alpes à la menthe avec de la semoule, tarte à la rhubarbe et glace vanille. Très bon!

Le Roux

Le Roux
Alpage

Alpage au-dessus du Roux
Abries

Abries
Gîte Yak Avenir

Gîte Yak Avenir
Le Roux

Le Guil

Mercredi 12 juillet 2017

La Monta – Saint Véran par le lac Egorgéou, le lac Foréant, le col Vieux, le refuge Agnel et le col de Chamoussière.
23,5 kms 6h20
Dénivelé + : 1536m
Dénivelé – : 1280m
Altitude max : 2884m
Ce matin je prends la navette qui passe dans la vallée du Guil pour rejoindre l’Echap, point de départ de ma randonnée du jour. Je commence à marcher à 8h30. Après avoir traversé la rivière. le chemin serpente dans une jolie forêt de pins et de mélèzes. Je croise un troupeau de moutons et son patou qui me barre le chemin. Le berger me rassure, c’est un gentil patou, trop gentil même parait-il! Rapidement j’arrive au lac Egorgéou puis au lac Foréant. Le paysage est magnifique, comme je les aime, et le sentier facile.

Ristolas

Alpage
Lac Egorgeou

Lac Egorgéou
Lac Egorgeou

Lac Egorgéou
Lac Egorgéou

Lac Foréant
Lac Foréant

Lac Foréant
Le chemin s’élève pour atteindre le col Vieux,2806m, au pied du Pain de Sucre. Le vent souffle fort aujourd’hui et rafraîchit l’air. Je serais bien montée au sommet du Pain de Sucre mais il y a trop de vent aujourd’hui. Je reviendrai un jour faire le tour du mont Viso…Je croise des cohortes de randonneurs en descendant vers le refuge Agnel. Il faut dire que l’on peut accéder au col Agnel en voiture, ce qui facilite la montée…
Derrière le refuge Agnel, le chemin se faufile à travers un pierrier vers le col de Chamoussière,2884m. Et c’est à nouveau un magnifique panorama qui se dévoile. C’est toujours un peu magique, ce moment où un pas, juste un petit pas permet de découvrir l’étendue du paysage avec les sommets au loin et les vallées vers le bas. La descente est très agréable et je la fais à moitié en courant jusqu’à la chapelle de Clausis. Puis le GR 58 suit la rivière avant de monter vers Saint Véran, un des plus hauts villages d’Europe. J’ai réservé une chambre seule au gîte Costebelle juste à l’entrée du village. Saint Véran est un joli petit village parsemé de vieilles maisons et de cadrans solaires où il fait bon se promener.
Dîner: soupe minestrone, sauté d’agneau avec des pommes de terre, crème catalane.
Refuge Agnel

Refuge Agnel
Col de Chamoussière

Col de Chamoussière
Descente vers Saint Véran

Descente vers Saint Véran
Descente vers Saint Véran

Vers Saint Véran
Saint Véran

Saint Véran
Saint Véran

Saint Véran
Gîte Costebelle

Gîte Costebelle

Jeudi 13 juillet 2017

Saint Véran – Bramousse par le col des Estronques et le col de Bramousse.
19 kms 5h40
Dénivelé + : 1396m
dénivelé – : 1966m
Altitude max : 2761m
Départ de Saint Véran vers 7h30. La journée s’annonce belle. Je descends vers Le Raux afin de remonter de l’autre côté à travers une jolie forêt de mélèzes. Il fait un temps magnifique. Le chemin m’enchante. Je monte tranquillement jusqu’au col des Estronques,2651m.

Saint Véran

Montée vers le col d’Estronque
Col des Estronques

Col d’Estronque
Saint Véran

Saint Véran au loin
Arrivée au col je laisse mon sac contre un rocher et prend le petit chemin qui conduit à la Tête de Jacquette,2757m, un des plus beaux belvédères du Queyras. La vue s’étend à l’infini. Le panorama est fabuleux avec le mont Viso au loin et à mes pieds les vallées de Ceillac et de Saint Véran.
Mont Viso

Panorama de la Tête de Jacquette
La descente se fait sans problème dans un cadre bucolique. Au Villars, je prends une variante en balcon qui me fait éviter Ceillac. Le chemin est très agréable à l’ombre des mélèzes. Je retrouve le GR 58 dans la montée vers le col de Bramousse,2251m. Puis c’est la descente vers le hameau de Bramousse où se trouve le gîte le Riou Vert. Pour la première fois de mon périple, je dois partager un dortoir. En attendant le dîner, je joue au tarot avec mes compagnons du jour.
Dîner : soupe de légumes, salade verte, paupiette de veau et riz, plateau de fromages, fromage blanc avec de la confiture d’abricot, génépi.
Au dessus de Ceillac

Chemin en balcon
Ceillac

Ceillac
Au dessus de Ceillac

Chemin au dessus de Ceillac
Col de Bramousse

Col de Bramousse
Bramousse

Bramousse

Vendredi 14 juillet 2017

Bramousse – Mont-Dauphin par le refuge de FurFande, puis le GR 541 par le col Garnier et Eygliers.
27 kms 7h30
Dénivelé + : 1400m
Dénivelé – : 1874m
Altitude max : 2279m
Je quitte le gîte du Riou Vert de bonne heure, comme à mon habitude, pour mon dernier jour de randonnée. J’aime marcher le matin lorsque la nature s’éveille et que le soleil caresse sans chauffer. Le chemin descend vers le pont de Bramousse puis se redresse pour escalader l’autre versant. Après un passage dans une forêt de mélèzes, le chemin débouche en plein soleil, sur les magnifiques alpages de Furfande et ses très jolies granges. Au départ, j’avais prévu de remonter jusqu’à Brunissard pour descendre vers Briançon, mais un message de la sncf m’informant de mouvements sociaux m’oblige à changer mon programme. Je décide de rentrer aujourd’hui en descendant vers Mont Dauphin par le GR 541. Le chemin passe par le col Garnier,2279m, puis dévale par un sentier caillouteux à travers une forêt jusqu’à atteindre une piste forestière. Certains passages de ce sentier sont piègeux et, faute de concentration, je me retrouve par terre! Il faut partager ce chemin avec des vtt qui arrivent souvent à toute vitesse. Je ralentis le pas. Aujourd’hui je ne suis pas pressée d’arriver. Au hameau du Gros, le GR 541 emprunte la petite départementale D 371 jusqu’au village de l’Eygliers. La route en balcon me semble interminable. Il fait très chaud. Dans l’après-midi, j’atteins enfin la petite ville de Mont Dauphin d’où je prends le train pour rentrer à Paris. Un dernier regard vers les montagnes, difficile de quitter ces paysages enchanteurs.

Bramousse

Bramousse
Vallée du Guil

Vallée du Guil
Vers Furfande

Montée vers Furfande
Refuge de Furfande

Refuge de Furfande
Granges de Furfande

Granges de Furfande
Après mon Tour du Mont Blanc et ma Grande Traversée des Alpes,
voilà encore une belle semaine à parcourir la montagne. Le Queyras est un magnifique terrain de jeu. Comme à chaque fois, j’aime l’effort, la patience et la volonté que demandent ces marches pour atteindre un col où ce révèle à chaque fois un panorama grandiose toujours différent. J’aime cette liberté contrainte, liberté d’avancer ou de s’arrêter mais contrainte car je dois néanmoins atteindre un refuge chaque jour. J’aime cette solitude qui permet, ce que Platon appelle, le dialogue silencieux de l’âme, source de inépuisable de rêverie. Mais j’aime aussi ces belles rencontres inattendues que l’on fait sur le chemin ou le soir autour du dîner.

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