Kanazawa est une petite ville nichée entre la mer du Japon et les Alpes Japonaises. Kanazawa signifie « marais d’or ». En effet depuis très longtemps, la ville produit 98% des feuilles d’or du Japon. A l’époque Edo, Kanazawa était le fief du clan Maeda, le deuxième clan féodal le plus important après le clan Tokugawa. Il a tiré sa richesse de la récolte du riz, richesse qui a été investie dans la culture et l’artisanat.
Durant la deuxième guerre mondiale, Kanazawa a échappé aux raids aériens. Par conséquent, certains quartiers de la vieille ville sont restés intacts. Elle est souvent appelée la petite Kyoto. Au fil des siècles, de nombreux artistes et artisans japonais sont venus s’installer ici et ont contribué au rayonnement culturel de la cité. Aujourd’hui, Kanazawa reste une ville importante comme capitale de la préfecture d’Ishikawa.
Isolée dans la région montagneuse de Horuhiku, Kanazawa était autrefois difficile à atteindre. Depuis 2015, le Hokuriku Shinkansen relie Tokyo à Kanazawa en 2h30, ce qui a permis le développement touristique de la ville. Nous sommes en février et j’ai prévu de passer un jour et demi à Kanazawa puis de prendre le bus pour aller à Shirakawa-go dans les Alpes japonaises.
La gare de Kanazawa est l’une des plus belles du Japon. Elle est constituée d’un énorme dôme de verre, le dôme de Motenashi et à l’extérieur, d’une grandiose porte en bois de 13,7m de haut appelée Tsuzumimon. Elle représente un tambour japonais ( tsuzumi: tambour et mon porte) présent dans le théâtre NO.
Je commence mon tour de la ville par le marché Omicho à 15mn de la gare. Il existe depuis presque 300 ans. C’est un marché typique qui regorge d’étals vendant une grande variété de produits de la mer pêchés localement. On y trouve aussi d’excellents fruits et légumes Kaga cultivés dans la région ainsi que d’autres produits alimentaires japonais. De nombreux petits bars permettent de déguster des sushis ou des bols de sashimi dès 8h le matin.
Ouvert de 9h à 17h
Du marché, je pars le nez au vent vers le château de Kanazawa à une vingtaine de minutes. Il a été construit une première fois en 1580 et fut le siège du puissant clan Maeda. Comme beaucoup de châteaux au Japon, il a brûlé plusieurs fois. Celui-ci est une construction récente et date de 1990. Néanmoins il a été reconstruit avec des moyens traditionnels sans aucun clou. L’intérieur se visite et propose des expositions sur la menuiserie traditionnelle japonaise.
Ouvert de 7h à 18h en été et de 8h à 17h en hiver. Entrée: 310Y
Jouxtant le château, se trouve le jardin Kenroku-en. C’est l’un des trois plus beaux jardins du Japon ( les 2 autres étant le Kairaku-en à Mito et le Koraku-en à Okayama). Il s’étend sur plus de douze hectares. C’était autrefois le jardin du château de Kanazawa. Son nom signifie « jardin des six vertus capitales », référence à un livre chinois classique, Rakuyo Meienki, sur les attributs du jardin parfait: le calme, la beauté antique, l’espace, l’ingéniosité humaine, l’eau et les vues panoramiques. Il a neigé la veille et en ce mois de février, il y a peu de monde.
Ouvert tous les jours de 7h à 18h l’été et de 8h à 17h l’hiver. Entrée: 310Y
Une des caractéristiques de Kanazawa sont les cordes appelées yukuduri. Elles sont installées le 1er novembre afin de maintenir les branches des arbres et les empêcher de se casser lors des fortes chutes de neige fréquentes dans la région.
La célèbre lanterne Kotojitoro, de plus de 2m de haut, se dresse sur la rive du lac Kasumigaike. Elle est appelée ainsi car elle a la forme des chevalets qui soutiennent les cordes d’un kojo, instrument de musique japonais. Elle est l’emblème de ce jardin.
J’aime beaucoup l’atmosphère paisible, l’harmonie et la beauté de ces jardins japonais où chaque pierre, chaque arbre a été pensé et placé de façon à imiter la nature tout en la magnifiant. Peut-être reviendrai-je au printemps ou à l’automne pour admirer ce jardin sous d’autres couleurs.
A l’arrière du jardin se trouve la merveilleuse maison de thé Shiguretei. Démolie au début de l’ère Meiji, elle fut reconstruite en 2000 . Elle est entourée d’un charmant petit jardin. J’ai toujours été attirée par ces maisons japonaises avec leur sol recouvert de tatami, tellement agréable aux pieds, leurs cloisons coulissantes recouvertes de papier, leur sobriété et leur décoration épurée qui inspirent le calme et la sérénité. C’est l’endroit idéal pour se poser et admirer le paysage en buvant un thé matcha accompagné de sa petite patisserie. ( 730Y)
En quittant le jardin Kenroku-en, je passe devant le sanctuaire Ishiura.
Un peu plus loin, se trouve le Musée d’Art Contemporain du XXIème siècle. Il a été construit en 2004 par le cabinet japonais d’architecture Sanaa, connu en France pour le Louvre de Lens. Sa conception circulaire de près de 100m de diamètre, sans aucune entrée principale le rend unique. C’est l’un des plus beaux musées d’art moderne du Japon. Il est fermé ce lundi, je me contente d’en faire le tour.
Fermé le lundi. Ouvert de 10h à 18h, 20h le vendredi et le samedi.
Je me dirige vers l’ouest de la ville à 10mn à pied. Nagamashi est un quartier historique qui abrite de belles maisons de samouraïs. L’hiver, les murs d’enceinte, en terre des maisons sont protégés des intempéries par des nattes de paille, appelées Komo-gake. C’est un dédale de petites rues préservées, un endroit hors du temps où j’ai beaucoup aimé me promener et me perdre.
La maison Nomura-ke appartenait à une grande famille de samouraïs, les Nomura. A l’époque Edo, lorsque l’ère féodale a pris fin, cette famille a fait faillite. Leur maison a été parfaitement restaurée et transformée en musée. A l’étage supérieur, je profite d’un petit salon pour déguster un thé matcha en admirant un des plus jolis jardins privés du Japon.
Ouvert de 8h30 à 16h30 en hiver et jusqu’à 17h30 en été. Entrée: 550Y
Il est 16h, je ne suis pas très loin du ryokan où j’ai réservé pour la nuit. J’ai souhaité dormir dans un hébergement authentique pour m’imprégner de l’atmosphère traditionnelle du Japon. J’ai toujours été très attirée par la culture japonaise. Comme c’est ma première expérience, je me suis fiée aux avis d’une centrale de réservation bien connue. Mon choix s’est porté sur le ryokan Murakaya qui est un petit établissement typique de 11 chambres.
Je ne suis pas déçue. Il est bien comme je l’imaginais, simple, familial, traditionnel avec un joli petit jardin intérieur et 2 petits onsen, un pour les hommes, l’autre pour les femmes. Je suis accueillie de façon très chaleureuse par mon hôte qui parle bien l’anglais. On m’offre une tasse de thé avec une petite sucrerie. Ma chambre n’est pas très grande mais largement suffisante pour une personne seule. Le futon est déjà installé.
Après avoir déposé quelques affaires dans ma chambre, je sors poursuivre ma visite de la ville. Je passe devant le sanctuaire Oyama dédié à Maeda Toshiie, premier seigneur du clan Maeda. Sa porte, Shinmon, d’un style inhabituel a été conçue par un architecte néerlandais mélangeant les influences chinoises, japonaises et européennes.
Il y existe trois districts de chaya à Kanazawa: le Higashi Chaya, le Nishi Chaya et le Kazuemachi. Ils ont été construits vers 1820. Une chaya est une maison en bois de 2 étages avec des treillis, kimosuko, permettant aux clients de voir à l’extérieur sans être vus. C’était une maison de thé où les seigneurs et les hauts fonctionnaires venaient se divertir en assistant aux performances des geishas. Je commence ma balade par le quartier Kazuemachi le long de la rivière Asano.
Le quartier Higashi Chaya est un charmant district avec des maisons magnifiquement préservées. Aujourd’hui beaucoup ont été converties en restaurant, salon de thé ou boutique. Le soir tombe et c’est très agréable de se promener dans les petites rues éclairées par des lanternes.
Le maison de thé Shima, vieille de 200 ans, a été très bien conservée et restaurée. Elle est transformée en musée. L’ensemble est excessivement élégant. Elle reflète bien l’atmosphère traditionnelle de la vie quotidienne à l’époque Edo.
Ouvert de 9h à 18h. Entrée: 500Y
Il est tard. Je dîne dans un petit restaurant de sushis avant de rentrer au ryokan. Après avoir revêtu un yukata, je vais me laver soigneusement puis je me glisse dans le bain. Dans une maison japonaise traditionnelle, les toilettes et la salle de bain sont séparées de la chambre. Par chance, j’ai le onsen pour moi toute seule ce soir. Après une longue journée de marche, je reste un bon moment à me prélasser. Je me couche tôt et je dors merveilleusement bien sur mon futon. Le lendemain matin, avant de partir, je profite d’un excellent petit déjeuner japonais traditionnel dans la salle à manger du ryokan.
Ce matin, il y a un beau soleil. Je vais visiter un charmant musée: le musée DT Suzuki crée par l’architecte Yoshio Taniguchi qui a aussi conçu le MOMA à New-York. DT Suzuki (1860-1966) est l’écrivain japonais qui introduisit le bouddhisme zen en occident. Son musée, ouvert en 2011, ressemble à son oeuvre, sobre, élégant et épuré. Il invite à la contemplation et à la méditation. Son jardin est sublime. C’est l’un de mes endroits préférés.
Fermé le lundi. Entré: 300Y
Cette visite de Kanazawa en plein hiver m’a permis de voyager dans le temps à la découverte de ce Japon ancien que j’aime tant. J’aurais pu rester une journée de plus tant les musées sont nombreux ici. En fin de matinée, je prends un car pour Shirakawa-go dans les Alpes japonaises. La suite de ma balade dans un prochain article.
Plan de Kanazawa
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BLOC INFO OU RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Depuis 2015, Kanazawa est reliée à Tokyo par le Hokuriku Shinkansen en 2H30 ICI. Il y a 2 types de Hokuriku: le Kagayaki et le Hakutaka. Le Kagayaki est le plus rapide. C’est l’un des rares trains qui n’offre pas de sièges non réservés ( 30000Y environ aller et retour). Néanmoins lorsque tous les sièges réservés sont vendus, on peut acheter des billets « debout ». Le Hakutaka s’arrête dans la plupart des stations après Nagano et offre la possibilité d’acheter des billets sans siège réservé.
L’aéroport de Komatsu est situé à 25kms. Il est relié par bus Hokutetsu (40mns) à la gare de Kanazawa.
Le moyen le moins cher (11000Y aller et retour) et le plus simple mais aussi le moins rapide pour aller à Kanazawa est de prendre un bus depuis Tokyo. Le trajet de nuit dure environ 8 heures. ICI
Dans la gare près de la sortie Est, se trouve le centre d’information touristique où l’on peut obtenir gratuitement des cartes et divers renseignements ainsi qu’une consigne pour les bagages, ouvert de 8h30 à 20H.
Il est facile de se promener à pied à Kanazawa, les principaux centres d’intérêt n’étant pas très éloignés les uns des autres.
Il existe néanmoins un excellent système de bus ICI . A la gare, on peut acheter le pass Hokutetsu ( 500Y) donnant un accès illimité pour une journée. Sinon c’est 200Y le trajet quelque soit la distance. Les bus tournent en boucle dans les 2 sens ( boucle droite RL, bus rouge; boucle gauche bus vert LL) et passent toutes les 15 minutes.
Il existe aussi un service de location de vélos. ICI
Il y a de nombreux ryokans à Kanazawa plus ou moins luxueux, plus ou moins chers. Au Murataya, j’ai payé 7000Y pour une chambre pour une personne, petit déjeuner compris. On peut réserver directement au ryokan Murataya ICI sans passer par une centrale de réservation.
Carte de Kanazawa ICI
Pour aller de Kanazawa à Shirakawa-go, la compagnie de bus Nohi ICI opère presque toutes les heures. Le trajet dure 75 minutes et coute 2000Y. La réservation des places est obligatoire.
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Un commentaire
Coucou Anne,
Nous serons deux dans la résidence à connaitre Kanazawa. Il y a 30 ans déjà .en provenance de Tokyo par avion.
Même expérience et ressenti que toi .
Merci ,tu m’as fait découvrir des ouvrages nouveaux et étonnants .
Vite tes prochaines aventures .
Eric M.