Le Mont Blanc, pas seulement une montagne, un mythe.
Comme un défi, à la fois si proche et en même temps si inaccessible…
Un exploit sportif et une aventure humaine inoubliable.
Lundi 21 juillet 2014
Rendez-vous au Club Alpin des Contamines. Je fais connaissance de mes compagnons de stage, Bernard et son fils Florian, Philippe et Brice ainsi que de notre guide Patrick Poisson. Je suis la seule femme.
Nous récupérons notre paquetage: un casque, des crampons, un baudrier, un piolet et des chaussures d’alpinisme. Les choses sérieuses commencent!
Rapidement, sous la pluie, nous prenons le chemin du refuge de Tré-la-Tête, 1970m, puis du refuge des Conscrits, 2580m.
Entre Tré-la-Tête et les Conscrits, nous marchons en cordée sur le chemin qui emprunte la nouvelle passerelle. Il y a du vent, il fait froid. Pas facile. Nous arrivons au refuge trempés, gelés…C’est chouette la montagne!
Mardi 22 juillet 2014
Pluie toute la journée. Nous devions faire l’ascension de la Bérangère pour nous entraîner. Nous sommes cantonnés dans le refuge. Pas de téléphone, pas d’internet. Pas de douches. Tout ce que j’aime…On tourne en rond… Patrick nous prépare mentalement à l’aide de cartes.
Mercredi 23 juillet 2014
Il fait beau. Nous descendons par le glacier de Tré-la-Tête.
Patrick nous apprend à marcher avec des crampons sur la glace. Ca me plaît bien. Les crampons accrochent, c’est rassurant.
Il a beaucoup plu ces derniers jours, ce qui signifie de la neige en altitude donc risque d’avalanches.
Pas sûr que l’on puisse monter au refuge du Goûter demain. Patrick est dubitatif. Pas question de prendre des risques.
Il téléphone au gardien du refuge du Goûter. Il fera beau dans la nuit de jeudi à vendredi. Nous monterons.
Jeudi 24 juillet 2014
C’est le grand jour!
Voici le chemin que nous emprunterons.
Pas de chance! Il est en panne. Ahhh dur dur! Il va falloir monter à pied depuis l’arrivée du téléphérique de Bellevue et se rajouter 600m de dénivelé.
Deux guides nous ont rejoint, Renaud et Jérôme.
Depuis le téléphérique de Bellevue, nous commençons la montée le long des rails du TMB vers le Nid d’Aigle.
Puis direction le refuge de Tête Rousse 3167m. C’est un chemin de randonnée assez facile. Nous avions prévu de nous arrêter au refuge de Tête Rousse pour déjeuner et faire le plein d’eau mais nous n’avons plus le temps. Je n’ai pris qu’une petite gourde d’un demi litre. Je suis déjà à sec… Je finirai déshydratée.
Peu avant le couloir du Goûter, nous nous équipons. Casque, crampons et baudrier. Je suis seule en cordée avec Patrick. Super! un guide rien que pour moi!!!
Première grosse difficulté: la traversée du couloir du Goûter surnommé le couloir de la mort à cause des pierres qui dévalent la pente. Heureusement il a beaucoup neigé et j’ai l’impression que la neige retient un peu les pierres. Néanmoins Patrick me prévient, pas question de traîner, il faut passer rapidement.
Puis c’est l’arête du Goûter. Un mur de rochers de 700m qu’il faut escalader parfois avec les mains à l’aide de câbles.
Sa vue me désespère.
Je suis fatiguée. Je sens la corde qui me relie à Patrick se tendre. Il me tire. Il m’encourage. J’aimerais m’arrêter, me reposer. Le sourire, c’est juste pour la photo!!! Je suis épuisée…Bouh quelle tête!!!
Mais il faut avancer coûte que coûte. J’ai beaucoup de mal. Moi qui me croyait en forme! Comment vais-je faire pour aller au sommet demain? J’arrive péniblement au refuge du Goûter, 3817m.
Au bord des larmes. Il est 16h50. Nous sommes partis de Bellevue à 10h… Mais qu’est-ce-que je fais là! Mon moral est au plus bas.
2h du matin, il faut se lever. La nuit a été courte, trop courte. Mais je me sens un peu mieux.
Nous nous équipons avec nos frontales, baudriers, crampons et c’est parti.
En bas ce sont les lumières de Chamonix et de Sallanches. C’est magnifique. Je commence à toucher mon rêve…
Nous avançons dans la neige, lentement. En levant les yeux, on aperçoit les frontales des cordées qui nous précèdent. Il ne fait pas très froid, peu de vent. Un temps idéal!
Je me sens bien. Je suis essoufflée mais Patrick s’est mis à mon rythme et avance lentement ce qui me permet de reprendre mon souffle.
C’est le Dôme du Goûter puis le refuge Vallot 4362m. Nous faisons une petite pause. Je sais, à ce moment-là, que j’irai jusqu’en haut.
Le jour se lève. C’est un spectacle grandiose qui s’offre à nous.
Il est 6h50, nous sommes à 4810m enfin 4817m à ma montre. Nous avons mis très exactement 3h54 pour atteindre le sommet.
J’embrasse Patrick. Sans lui, sans sa patience, sans ses encouragements je ne serai pas là. Nous restons une dizaine de minutes au sommet. Je bois une tasse de thé et mange une barre de céréale qui me sera fatale…
30 minutes après le début de la descente, je commence à avoir des nausées. Des effets du MAM. La barre de céréale ne passe pas…
C’est parti pour la descente de l’Aiguille du Goûter. Je n’ai pas peur. Les crampons me rassurent. Patrick est derrière moi pour me retenir si je glisse. J’ai confiance. Je descends rapidement. Il ne devrait y avoir que des descentes en montagne!!!
Le couloir de la mort se passe sans encombre.
Arrivés à Tête Rousse, nous retirons tout notre matériel. Puis c’est la longue descente vers le Nid d’Aigle. Plus de 2400m de dénivelé depuis le sommet! Ah mes pauvres pieds…
Le Tramway du Mont Blanc est toujours en panne. Il y a un seul train à 14h. Il faut l’attraper!
Un dernier regard vers ce sommet. J’ai du mal à imaginer que quelques heures auparavant, j’étais là-haut. Oui j’y étais! Il parait tellement haut, tellement loin…
Mon rêve s’est réalisé…
Merci à Bernard, Florian, Philippe et Brice. Ils ont été de très agréables compagnons de route.
Merci à Renaud et Jérôme, nos guides très sympathiques.
Et surtout merci à Patrick qui m’a emmenée et ramenée en toute sécurité. Merci pour sa patience et ses encouragements.
Renseignements pratiques
Il existe de nombreux organismes qui proposent l’ascension du Mont Blanc et plusieurs voies pour y parvenir. Pas besoin d’être un alpiniste chevronné, juste quelques connaissances de marche sur glace. En revanche il faut une bonne condition physique, être capable de marcher durant plusieurs heures avec un dénivelé important. Bien se préparer permet d’augmenter ses chances de réussite. De même l’ascension d’un sommet de 3500m quelques jours avant l’ascension acclimate l’organisme à l’altitude afin d’éviter le MAM, mal aigu des montagnes. Personnellement je cours régulièrement pendant l’année 2 à 3 fois par semaine 10 à 15 kilomètres et durant le mois de juillet j’ai fait beaucoup de dénivelé tout autour de Chamonix. Pour ce qui est du matériel, j’ai loué les chaussures, le casque, le baudrier et le piolet auprès de Stageexpé. La voie classique par le refuge du Goûter et l’arrête des Bosses est la plus facile.
Mon Ascension du Mont Fuji
Mon Ascension du Kilimandjaro
7 commentaires
Coucou Anne,
Bravo pour cette vraie belle perf! Je réalise que même pour une sportive de ton niveau, cette ascension est un vrai défi!
Bon, je ne suis pas prête pour prendre ta relève… et puis pas de douche dans le refuge, ce n’est PAS POSSIBLE!
Grosses bises et bonne récupération.
Hello Anne,
Et oui, c’ était une semaine où l’ opiniâtreté était de mise et tant mieux car le sommet en a davantage de valeur. Ainsi la phrase de G. G. Marquez « Tout le monde veut vivre au sommet de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur est dans la façon et la manière de l’ escalader ». BRAVO à toi!!!!!! Patrick
Ma chère Anne,
« L’homme est un apprenti, la douleur est son maître…. »
….après tant de souffrances, tu dois bien te connaître….alors, avoue maintenant que tu es bien une extra-terrestre !!
Bravo quand même !
Claude
Bravo Anne !
Tu l’as fait ! On réalise à quel point le moral est important ainsi que les accompagnants. Parce que la condition physique tu l’avais, j’en suis certain, mais si elle est nécessaire, elle est loin d’être suffisante. Belle leçon de vie que devraient lire les futurs amateurs de sommets. Cela remet bien les pendules à l’heure. Grosses bises.
Bravo Anne, c’est un défi physique et moral exceptionnel , je ne suis pas étonnée! Félicitations de la tortue!!!
Salut Anne, ton récit est passionnant. J’ai été ravi de gravir le toit de l’Europe avec toi, Philippe, Florian,Bernard et bien sur tout ça n’aurait pas pu se réaliser sans Patrick et les autres guides. Ils m’ont confirmer mon amour pour la montagne. J’ai déjà envie de réaliser d’autres sommets. Ce n’est pas toujours facile lorsque l’on escalade un sommet qui n’est pas à la portée de tout le monde.
Je réalise en lisant ton récit que le courage est plus important ou tout aussi important que le niveau technique et physique et qu’avec ce dernier on peut réaliser tout ce que l’on souhaite.
Encore bravo et que l’avenir te monte vers d’autres sommets…
Félicitations, je suis arrivé par hasard sur ton site et grâce à toi j’ai revécu mon ascension en 2003. Très belles photos, texte vraiment prenant, on se sent à côté de vous dans la montée. J’espère que tu as plein de sommets à nous faire partager.