Nikko, dans la préfecture de Tochigi, est inscrite au patrimoine de l’Unesco depuis 1999. Elle est un curieux exemple de syncrétisme religieux: sanctuaires shintô et monastères boudhiques. Elle est réputée pour ses magnifiques temples mais aussi ses espaces naturels où abondent cascades, lacs et forêts. Elle se situe à 2H de train de Tokyo et peut se visiter en une journée en partant tôt, la plupart des temples se situant dans un périmètre très proche.
Par une matinée de printemps, je prends le JR Tobu Limited Express, direct depuis Shinjuku. L’unique train du matin part à 7H30. 2H plus tard, j’arrive au terminus à la gare de Tobu Nikko. Après une vingtaine de minutes de marche, j’arrive au pont Shinkyo ou pont sacré qui marque la séparation avec le monde profane. Suivant la légende, c’est à cet endroit que le moine Shodo Shonin traversa la rivière sur le dos de 2 énormes serpents. Seul le shogun avait le droit de l’emprunter. C’est un pont harmonieux, laqué de vermillon, au dessus de la rivière Daiya.
Pont Shinkyo
Le premier temple que je visite est le Rinnoji Sanbutsu-do qui est en cours de rénovation. Le Sanbutsu-do est le plus grand bâtiment de Nikko. Il a été fondé au 8ème siècle par le moine Shodo Shonin qui a introduit le bouddhisme au japon. Il abrite trois statues géantes dorées de Bouddha.
Shodo Shonin
Statues de Bouddha
Nikko comprend plus de 100 temples répartis dans une majestueuse forêt de cèdres multi centenaires, dont le plus célèbre est le Tosho-gu. C’est un temple shintoïste dédié à Tokugawa Ieyasu, premier shogun de la dynastie éponyme.
Ieyasu Tokugawa unifia le Japon après des siècles de guerres civiles et fonda une dynastie qui dirigea le japon durant plus de 250 ans. En 1617 son fils Hidetada initia la construction du sanctuaire Tosho-gu de Nikko. Plus tard en 1636, le troisième shogun Iemitsu qui vénérait son grand-père, agrandit et embellit ces temples avec des sculptures en bois, précieuses et remarquables. Le nom Tosho-gu vient de Tosho Dai Gongen, « la Grande Divinité qui illumine l’Est », nom posthume donné par la cour impériale à Tokugawa Ieyasu.
Dans un pays où l’art est souvent représenté avec sobriété, l’exubérance colorée de Nikko détonne. La mode de l’époque est à la « chinoiserie ». C’est ce qui explique que les temples de Nikko se distinguent des autres temples du Japon par leur richesse architecturale chargée. Le Tosho-gu est considéré comme l’aboutissement du style gongen-zukuri.
Sanctuaire Tosho-gu
Sanctuaire Tosho-gu
Sanctuaire Tosho-gu
On accède au sanctuaire Tosho-gu par une belle allée montante se terminant par un immense tori, Ishidori. Immédiatement sur la gauche, une magnifique pagode à cinq étages représentant les cinq éléments de l’existence: la terre, l’eau, le feu, le vent, le cinquième étant le vide ou le néant qui unit tous les autres éléments. Y sont aussi sculptés les douze signes du zodiaque chinois. D’une hauteur de 36m, elle ne possède pas de plancher intérieur mais un pilier suspendu du 4ème étage qui s’arrête à 10cm du sol et lui sert de pendule pour résister aux séismes.
Pagode Gojunoto
Gohonsha
Kyozo
La somptueuse porte Yomeimon, la porte du diamant, datant de 1636 donne accès au coeur du sanctuaire. Elle brille de multiples couleurs avec ses 508 sculptures toutes remarquables. Elle est considérée trésor national au Japon.
Porte Yomeimon
Peu après, on passe devant le seul bâtiment en bois qui n’est pas laqué: le Shinkyusha, sur lequel on peut voir les trois singes symbolisant les trois principes du bouddhisme Tendai: ne pas écouter le mal, ne pas dire du mal, ne pas voir le mal.
Shinkyusha
Les trois singes
Pour accéder au tombeau de Ieyasu, on passe sous une porte sur laquelle est sculpté d’un côté un chat dormant, Nemuri-nekko et de l’autre deux hirondelles. Le Nemuri-nekko n’est pas un chat ordinaire. Il représente l’esprit du grand Tokugawa qui veille et avec les hirondelles, ils symbolisent la paix qu’a connue le Japon grâce à Ieyasu. Après avoir grimpé l’Okumiya, plus de 200 marches dessinées à travers une magnifique forêt de cèdres, on atteint les hauteurs de Nikko où se trouve le tombeau de Ieyasu.
L’Okumiya
Nemuri-nekko
L’Okumiya
Okusha-Haiden
Tombeau de Tokugawa Ieyasu
Porte Unikimon
Shinyosha
Candélabre
En sortant du sanctuaire Tosho-gu, je prends l’avenue sur la droite pour aller visiter un autre magnifique temple: le Taiyu-in. Ce temple est le mausolée du troisième shogun Tokugawa: Iemitsu, petit fils de Ieyatsu. Taiyu-in est le nom posthume de Iemitsu. C’est un temple purement bouddhiste car, contrairement à son grand-père, Iemitsu ne fut pas déifié.
Suibansha
Porte Nitenmon
Tour de la cloche Shôrô
Le sanctuaire Taiyu-in se veut un peu moins richement décoré que le Tosho-gu par respect pour le premier shogun Tokugawa Ieyasu. En effet Iemitsu souhaitait que l’on construise un « petit temple » en son honneur. Il fut achevé en 1653.
Le Honden
Porte Karamon
Le Haiden
Temple Taiyin
Porte Kôkamon
En descendant du sanctuaire Taiyu-in, je prends un bus pour le lac Chuzenji. La route, appelée Irohazaka Winding Road grimpe allègrement les 48 virages qui la composent durant une quarantaine de minutes jusqu’à l’arrêt Chuzenji-onsen.
Le lac Chuzenji a été formé il y a plus de 20000 ans par un barrage de lave issu du cratère du Mont Nantai. C’est le plus haut du Japon, il culmine à 1269m d’altitude. C’était un endroit très apprécié par les diplomates en poste à Tokyo durant les mois chauds d’été. Ainsi plusieurs ambassades y avaient installé une annexe dont l’ambassade de France toujours utilisée. Jusqu’en 1862, l’accès au lac Chuzenji était interdit aux femmes…
Il existe de nombreux chemins de randonnée dont un de 25 kilomètres qui fait le tour du lac.
Lac Chuzenji
Mont Nantai
Lac Chuzenji
Je longe le bord en passant devant les ambassades de France et de Belgique jusqu’au temple Chuzenji sur la rive est du lac.
Temple Chuzenji
Temple Chuzenji
Temple Chuzenji
Je refais le chemin inverse pour rentrer à Tokyo. J’ai passé une merveilleuse journée, plongée dans ce Japon antique que j’aime tant.
Plan de Nikko
Plan de Nikko
BLOC INFO OU RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Pour aller à Nikko depuis Tokyo, il existe plusieurs solutions.
Avec la Ligne Tobu, il y a des trains plus ou moins rapides jusqu’à la station Nikko-Tobu. Il existe un pass de 2 ou 4 jours qui permet de faire quelques économies. ICI
Pour connaître tous les horaires de train, voir le site Hyperdia en anglais: ICI
Tous les temples sont regroupés dans une zone à environ 2kms des gares de Tobu et JR Nikko. On peut y accéder en bus (10 mns) ou à pieds, une trentaine de minutes. Le bus Meguri, bus-boucle patrimoine mondial, fait le tour de la ville toutes les 15 minutes et s’arrête pratiquement à tous les sanctuaires. Descendre à l’arrêt Omotesando pour le Tosho-gu ou le Rinnoji.
Les temples sont ouverts de 8h à 16h l’hiver et jusqu’à 17h l’été. Les entrées sont payantes.
Les bus pour le Lac Chuzenji s’arrêtent aux arrêts Shinkyo et Nishisando. Il y a environ 3 bus par heure. Le trajet dure 50 minutes et coûte 1150Y. Un laisser-passer de 2 jours pour des trajets illimités entre Nikko et le Lac Chuzenji est disponible à la gare de Tobu pour 2000Y.
Durant l’année, de nombreux événements ont lieux à Nikko et drainent beaucoup de monde.
Festival Yayoi du 13 au 17 avril
Grand festival annuel de Nikko 17 et 18 mai
Grand festival d’automne 17 et 18 octobre
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